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vendredi 15 avril 2011

Tupiza / Tarija

Partis de bonne heure d’Uyuni, nous nous rendons à Tupiza, tout au Sud, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière argentine. Le trajet emprunte une route spectaculaire, à travers canyons et gorges. Le paysage est époustouflant, et les conditions du voyage aussi (les bus sont surchargés, surpeuplés, et à bout de souffle, à l’image de certains de leurs occupants d'ailleurs…).
Arrivés à Tupiza nous parcourons la ville pour en sentir les premières ambiances (et les premières odeurs…). C’est une jolie petite ville entourée de montagnes découpées. Il semble y faire bon vivre, et les premiers habitants croisés, bien que moins démonstratifs que les argentins, nous semblent ouverts à la rencontre.



L’activité touristique principale de Tupiza, c’est la « cabalgata » (promenade à cheval) à travers les canyons et les chemins dignes du far West américain. On s’y croirait, gorges étroites, canyons aux couleurs ocre, cactus par centaines, du haut de notre monture on se prend pour des cow-boys pendant 5 heures environ. La réputation de la région ne date d’ailleurs pas d’hier, puisque les fameux Butch Cassidy et le Sundance Kid finirent leur longue cavale à quelques kilomètres d’ici, après avoir parcouru une bonne partie de l’Amérique du Sud.
Le spectacle de ce désert multicolore se payera bien par quelques courbatures et douleurs au (bas du) dos les jours suivants : on n’a rien sans rien.








Le soir nous prenons le bus de nuit pour Tarija, capitale viticole du pays (cool, encore des caves !).
Après une courte nuit à se faire secouer dans le bus, nous arrivons de très bonne heure (mais pas de très bonne humeur) dans la très glauque gare routière de Tarija. Dès le jour levé, direction le marché central pour un bon petit déjeuner, à base de beignets frits et « d’api », boisson composée de purée de mais sucrée : tres bon et bien nourrissant, tout ce dont nous avions besoin.
Petit épisode intéressant au petit déj : nous faisons la rencontre d’un suisse très sympa qui s’est posé ici depuis quelques semaines. Il apporte son aide à un programme éducatif pour enfants, et passe le reste de son temps à sillonner la région et rencontrer des gens. En parlant de rencontre, un grand type s’installe à côté de nous et entame la conversation : chouette une nouvelle rencontre !
Le type est paysan et a un petit troupeau de vaches à quelques kilomètres de la ville, où il se rend ce matin pour affaires. Il nous parle de sa terre, de son métier (apparemment il a suivi une formation d’éleveur en Argentine, et semble très calé sur la question de l’élevage de grands troupeaux, bien qu’il ne dispose que d’une vingtaine de têtes) et de ses traditions (il se présente comme ménnonite). Puis la discussion prend un tournant un peu plus politique quand il aborde le mode de gestion des ressources agricoles en Bolivie. Notre Suisse, intéressé par le personnage lui donne rendez-vous le lendemain pour aller voir sa ferme.
Ce n’est que lorsque notre paysan s’en va que les langues se délient autour de nous :
« Il ne faut pas écouter ce monsieur, il parle beaucoup, mais ne fait rien. Et par-dessus le marché vous devriez vous méfier de lui, c’est un militant marxiste, il peut devenir dangereux… » nous affirme la cuisinière.
« C’est un menteur et un homme dangereux, si j’étais vous je me méfierai. Ca fait 30 ans que je vis en Bolivie, croyez moi je les connais les types comme ça. En tout cas si vous allez le voir chez lui n’emportez rien de valeur avec vous ! » nous met en garde une femme africaine dans un français parfait.
Difficile de faire la part des choses, mais il s’avère parfois intéressant de disposer de plusieurs sons de cloche dans ce genre de situation. Le Suisse partira quand même le lendemain, espérons qu’il n’ait pas fini enrôlé dans le maquis marxiste des montagnes boliviennes…
Après ce petit déjeuner animé, direction le centre ville pour trouver une excursion dans la campagne environnante. Nous ne restons qu’une journée à Tarija, il s’agit de faire efficace. Renseignement pris, la visite des vignes et des petits villages typiques est plus simple en tour organisé. Une fois n’est pas coutume, nous montons dans le minibus bariolé « tourists tours », mais coup de bol, nous sommes seuls !
Excellente matinée passée en compagnie d’un chauffeur adorable et d’une charmante et très interessante guide, qui nous font découvrir l’arrière pays. Vignes, villages de campagne, on se croirait en Espagne ou dans le Sud de la France.




D’ailleurs la découverte du vin Bolivien, qui à ma connaissance n’est pas importé en France, est une très bonne surprise. Bien que très doux et sucré, c’est tout à fait honorable, et à 2 à 4 € la bouteille, je dis chapeau. S'il y en a dans l'assistance qui veulent se lancer dans un business d'importation, je mise dessus!
Pour couronner le tout la dernière visite dans une petite cave familiale nous apprendra que pas mal de maisons font encore dans le très artisanal : pas de filtrage, pas d’ajout de souffre ni aucune substance chimique, le raisin est même encore pressé avec les pieds ! C’est l’appellation « patero » qu’on voit sur certaines bouteilles. La patronne nous expliquera toutefois que le procédé s’est modernisé depuis quelques années : « maintenant le pressage s’est amélioré, on met des bottes… »







De retour de cette très bonne excursion un peu arrosée, nous colmatons nos estomacs avec le traditionnel « almuerzo » (menu déjeuner consistant et pas cher) au marché.


Puis nous reprenons notre visite de la ville, avec un passage par une étonnante demeure transformée en musée : la Casa dorada. C’est une grande maison début XXème dont le rez de chaussée servait autrefois de magasin, façon « on trouve de tout au bon marché ». Les propriétaires, de riches commerçants, importaient toutes sortes de marchandises d’Europe, et revendait tout ça à bon prix aux riches familles de la région (nous verrons à Potosi que ce coin a été un des plus riches de monde il y a quelques siècles). Ayant fait fortune, ils ont décidé d’afficher leur réussite en décorant leur demeure de somptueux meubles, tableaux et sculptures, et comme ça ne suffisait toujours pas, ils ont peint le tout en or et argent : le bling-bling avant l’heure…

Après cette escale express à Tarija, nous reprenons la route pour notre prochaine étape : Potosi.

PS : Oui, je sais qu'on a du retard sur la publication des articles ( a l'heure ou je publie ces lignes, ca fait 10 jours qu'on a quitte Tarija), mais les connexions internet sont plus capricieuses en Bolivie : Patience, la suite arrive, avec pleins de nouvelles aventures !
Dans le prochain episode : decouvrez comment on achete librement de la dynamite sur les marches en Bolivie...

Uyuni et Sud Lipez

Nous voilà en Bolivie! Après quelques minutes de mini-bus, nous profitons d'un petit déjeuner au frais (on est à + de 4000 m, et on le restera pendant 3 jours) pour faire connaissance avec notre équipage :
  • Un chauffeur-guide bolivien super sympa
  • 2 copines suisses que nous retrouvons par hazard ici, alors qu'on s'était croisés plusieurs fois depuis Futaleufu au Chili (le monde est petit)
  • et un jeune couple de brésiliens ("je hais les français.......... quand ils jouent au foot" me dira l'ami Leonardo avec un grand sourire au bout de 5 min de conversation)




Nous voilà partis pour une excursion de 3 jours à travers quelques-uns des plus beaux paysages qu'on ait vus jusqu'à présent.

3 jours en altitude (on passera même à 5000m : plus haut que le Mont Blanc !) dans des endroits lunaires, lacs, montagnes, déserts, geisers, et bien sûr le fameux salar d'Uyuni en dessert.

Petit condensé de ce qu'on a admiré pendant ces quelques jours suspendus dans l'altiplano :

Enfilades de lagunes façon miroir, toutes plus belles les unes que les autres, avec une mention spéciale pour la "laguna colorada", un lacs couleur jus de carotte abritant une giganesque colonie de flamands roses. On se serait crus dans une double page du National Geographic :












Visite de geisers bouillonnants et bien sur baignade dans la source thermale voisine (toujours a 4500 m, gare au coup de fatigue en sortant de l'eau a 35 degres...)






Paysages désertiques, montagnes pelées, villages sortis de nulle part et formations rocheuses fantomatiques. Certains endroits m'ont d'ailleurs rappelé le fabuleux "désert blanc" d'Egypte, n'est-ce pas DD ?












Et puis une faune intéressante, surtout d'oiseaux, mais aussi un renard curieux qui est resté planté 5 bonnes minutes devant nous à nous scruter.






D'habitude cette expédition se finit en apothéose par deux jours sur le plus grand lac salé du monde : le salar d'Uyuni. Etant tombés en saison humide, nous n'avons passé qu'une demie journée sur cette étendue gigantesque, mais couverte d'une pellicule de 10 cm d'eau.

Le salar est exploité, et nous avons pu voir quelques récolteurs de sels en plein travail (harrassant vu les conditions).

On est tout de même resté scotchés devant tant d'immensité, l'eau ajoutant à l'impression d'espace, et on avait parfois on avait du mal à distinguer le ciel de la terre.









A cet endroit beaucoup de jeep étaient réunies, notamment pour les traditionnelles "fotos locas", ces photos qui profitent de la perspective pour faire des montages rigolos. Nous on a complètement foiré les nôtres...

Petite consolation, sur l'esplanade de "l'hotel de sel", planté au milieu du salar, flotte maintenant parmi les drapeaux de tous les pays un tout petit symbole d'une région qui m'est chère (merci ma chère tante) ...




De retour sur terre, nous filons à Uyuni, la ville, où nous ne passerons qu'une après midi, le temps pour nous de prendre un premier contact avec ce nouveau pays.


Premier contact gastronomique aussi, avec dès le premier soir une spécialité locale : viande de lama séchée et fromage frais sur son lit de mais et frites, accompagné d'un oeuf dur : pas mal du tout !







La Bolivie : plus pauvre (donc moins chère aussi...), plus rustique, peut-être plus difficile d'accès que le Chili et l'Argentine, mais disposant d'une culture indigène forte, de traditions bien vivantes, et surtout d'une variété de paysages incroyable : montagnes, déserts, plaines, forêt vierge, plateaux... On devrait bien s'amuser pendant un mois...