Potosi, 4000 m d’altitude, en plus d’être une des plus hautes ville du monde, dispose d’une histoire singulière.
Au milieu du 16ème siècle, quelques temps après l’arrivée des Espagnol, un indien du coin a découvert que la montagne dominant la région (qu’on appellera plus tard le « cerro rico », le mont riche), regorgeait de minerai d’argent. C’était parti, la grande ruée pouvait commencer, et dès le milieu du 17è siècle, Potosi était devenue une des villes les plus riches du monde, comptant plus d’habitants que Paris à la même époque. L’argent coula à flot pendant plus de 2 siècles, sur le dos des indiens locaux, et des esclaves importés d’Afrique qui mourraient par centaines de milliers dans les mines. On dit que de l’argent extrait des mines de Potosi, on aurait pu faire un pont reliant l’Amérique du Sud à l’Europe. On dit aussi qu’un second pont aurait pu être construit avec les ossements des 6 millions d’esclaves morts pendant l’exploitation de la mine.
Voilà pour la page historique, à nous maintenant de découvrir ce qu’est cette ville aujourd’hui. Le centre historique est assez joli, et regorge de monuments (surtout religieux) à visiter, alors nous en avons profité pour faire un petit safari architectural.
Grâce à de très bonnes visites guidées (dont une faite par la serveuse du bar dans lequel nous avions pris quelques verres la veille : on appelle ça une double compétence…), nous avons appris énormément de choses sur l’histoire passionnante de la ville. Les guides étant ouverts à la discussion, ça a aussi été l’occasion d’échanges super intéressants.
La casa de la moneda, monument important de la ville, est un musée qui abritait autrefois la fabrique de monnaie qui irriguait tout le continent américain. Symbole de la richesse et de l’importance politique et culturelle de Potosi, elle abrite notamment les anciennes machineries pour frapper les monnaies, mais aussi une collection d’œuvres d’art baroque (peintures surtout).
Visite incontournable aussi, les mines du cerro rico, qui sont encore en activité, gérées par des syndicats de mineurs indépendants. Il n’y a plus d’argent, mais un amalgame de minerais qui permet encore l’exploitation de la montagne.
La visite dont une partie du prix revient à ces syndicats de mineurs est assez impressionnante. Bien qu’on s’y attende (c’est une mine), l’obscurité, le confinement, la chaleur et l’atmosphère un peu étouffante nous font percevoir en quelques minutes ce que vivent les milliers de mineurs qui y travaillent tous les jours. Les conditions sont extrêmes, la sécurité franchement limite, et l’espérance de vie très basse pour ces travailleurs qui n’ont que peu d’autre alternative pour nourrir leur famille. Sentiment mitigé entre voyeurisme, prise de conscience et compassion, c’est une visite assez marquante.
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