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lundi 1 août 2011

Rencontre avec Christian et le mont Merapi

Dans la région de Yogyakarta se tient le volcan le plus actif du monde, le Merapi.

Pas d'ascension pour nous, mais une visite à pied des abords de ce volcan dont la dernière éruption en octobre 2010 a été particulièrement dévastatrice et meurtrière.

Cette balade matinale a été orchestrée par Christian, guide local, mais aussi patron d'une guesthouse et chef de l'unité de secours du volcan, bref, un gars qui connait pas mal le coin quoi...

Réveil à 4h00 du mat pour aller admirer la montagne, visible uniquement le matin, et les dégats causés par la dernière éruption. Pour vous donner une idée, une forêt se tenait là avant, et les arbres de plus de 20m de haut empêchaient la vue vers le volcan, qui fume toujours...















Christian nous a parfaitement guidé pendant cette matinée, et ses histoires nous ont captivés : éruptions du volcan, croyances des locaux, tourisme dans la région (responsable ou pas), et aussi sa propre histoire, assez unique pour vous en faire un petit résumé ici :


"En fait je ne suis pas d'ici, étant jeune j'étais second sur un bateau dans le nord de Java. Après le deuxième naufrage, je me suis dit qu'il vallais mieux changer de métier si je voulais vivre plus de 30 ans."

"Donc j'ai trouvé un travail dans le bâtiment, ce qui m'a amené à venir ici pour un chantier. Tous les jour nous mangions avec l'équipe au petit restaurant du coin, où la serveuse était jolie. La serveuse j'ai fini par l'épouser, et je suis venu m'installer ici en 1983 près du volcan sur la demande de mon beau-père, qui voulait que je reprenne l'affaire et que j'en fasse un hôtel, ce que j'ai fait, bien que je n'y connaissait rien en tourisme à l'époque."

"Le truc marrant, c'est qu'il y a 30 ans je ne connaissais rien aux volcans, alors pour en savoir plus j'ai demandé au gardien du volcan, Mbah Marijan, de m'emmener là-haut. Le malheureux est décédé en octobre dernier dans l'éruption, c'était un personnage très connu ici, mais il n'a pas voulu partir au moment de l'évacuation, car il ne voulait pas abandonner la responsabilité que lui avait confié le sultan de Yogya. L'ascension qui dure normalement 8 heures, je l'ai terminée en 12 heures la première fois. qu'est-ce que j'en ai bavé !"

"A la suite de ça, j'ai décidé d'aller faire un peu de pub à Yogya, parce qu'à l'époque presque aucun touriste ne passait par là. J'ai fait des tractes expliquant la route pour venir au volcan, et je suis allé les distribuer dans le quartier touristique de la ville. Ça n'a au aucun effet, et mon hôtel restait désespérément vide. Au bout de quelques mois j'ai commencé à perdre espoir, quand j'ai reçu la visite de mes premiers touristes : deux jeunes suisses je me souviens encore. Je leur ai tout de suite demandé comment ils avaient entendu parler de mon auberge, et il m'ont expliqué qu'ils avaient trouvé un bout de papier dans une guesthouse à Bangkok pour caler l'armature d'un de leurs sac à dos. En arrivant à Yogya, le papier était tombé par terre, et le type qui l'a ramassé l'a déplié et leur a dit qu'il connaissait ce lieu, que c'était pas loin de la ville. Imaginez la chance que j'ai eue, c'est peut-être ça le destin."

"Toujours est-il que j'ai fait ma deuxième ascension du volcan avec les deux suisses, sans leur dire que je ne l'avais monté qu'une fois avant, et sans leur montrer que c'était aussi très difficile pour moi. Ils ont aimé leur séjour ici, et m'ont promis d'en parler aux voyageurs qu'ils croiseraient. Quelques jours plus tard d'autres touristes sont arrivés, et puis en 84 un type genre baba-cool est venu et m'a posé plein de questions. C'était Tony Wheeler, le fondateur du Lonely Planet. A partir de là c'était parti, et j'ai pu emmener des centaines de personnes comme vous observer le Merapi depuis."



On a donc passé un très bon moment avec ce guide sympathique et intéressant.

Note optimiste pour finir l'article, même si la nature peut-être incontrôlable et meurtrière, elle est aussi riche et foisonnante. La preuve, à peine quelques semaines après avoir rasé une forêt tropicale entière, la terre fertilisée par les cendres du volcan recommence déjà à verdir. "C'est tout le paradoxe, nous explique Christian, le volcan est dangereux, mais il fertilise le sol et permet aux agriculteurs de vivre avec de belles récoltes, c'est pour ça qu'ils restent."







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